Des centaines de milliards de francs CFA hors du circuit budgétaire ont été repérés par la Division des Investigations Criminelles dans 21 institutions financières. Une enquête à haut risque aux potentielles ramifications politiques.
La Division des Investigations Criminelles (DIC) a ouvert une enquête retentissante sur un vaste réseau de comptes bancaires opaques, logés dans 21 établissements financiers opérant au Sénégal. D’après les révélations du journal L’Observateur, 63 comptes bancaires auraient été ouverts sans autorisation officielle et hors du circuit budgétaire de l’État, accumulant plusieurs centaines de milliards de francs CFA. Ce dossier, encore en phase d’instruction, pourrait constituer l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire récente du pays.
Des fonds publics présumés détournés
Selon les premières conclusions de l’enquête, ces comptes ont été alimentés de manière irrégulière, en l’absence de traçabilité institutionnelle. Ils n’apparaissent ni dans les documents budgétaires ni dans les systèmes de contrôle du ministère des Finances. Tout laisse à penser qu’il s’agirait de fonds publics dissimulés, opérant en marge des circuits officiels et échappant à tout contrôle parlementaire ou administratif.
Les banques dans le viseur
La DIC a établi que ces 63 comptes suspects sont répartis comme suit :
- BGFI : 8 comptes
- NSIA, Ecobank : 7 comptes chacun
- BASN, SGS : 6 comptes chacun
- BOA : 5 comptes
- BIS, CDS : 4 comptes chacun
- CBAO, BRIDGE : 3 comptes chacun
- UBA, LBO, Coris Bank, FBN Bank, BDK, BNDE, BRM, BSIC : 1 compte chacun
Les directeurs généraux de ces banques ont été convoqués par la DIC pour être entendus sur les conditions d’ouverture, les mouvements financiers enregistrés sur ces comptes et surtout, l’identité réelle des bénéficiaires.
Vers un scandale d’État ?
L’affaire prend une tournure sensible : au-delà de la violation des procédures bancaires et budgétaires, c’est l’ombre d’une gestion parallèle de l’État qui plane sur ces révélations. Si les investigations confirment que des agents publics ou anciens responsables étatiques sont impliqués, des poursuites judiciaires pourraient être engagées pour corruption, détournement de fonds publics, blanchiment et complicité.
Une bombe à retardement pour les autorités
Alors que le Sénégal s’engage dans une nouvelle phase de gouvernance axée sur la transparence et la reddition des comptes, cette affaire pourrait soit servir de tournant historique, soit entamer la confiance des citoyens dans la justice et les institutions si elle est étouffée ou politisée. Le gouvernement, quant à lui, est attendu sur une réponse ferme et exemplaire.
Un test grandeur nature pour l’État de droit
La découverte de ces comptes occultes intervient dans un contexte national de plus en plus exigeant en matière de bonne gouvernance. La suite de l’enquête dira si le Sénégal est prêt à faire la lumière sur ses zones d’ombre financières, ou si ce dossier rejoindra la longue liste des scandales classés sans suite. Une chose est sûre : l’opinion publique ne détournera pas le regard.