Les dirigeants africains, réunis à la COP29, ont plaidé pour des engagements concrets et des mécanismes de financement adaptés à la réalité des pays en développement. Alors que le continent subit de plein fouet les effets du changement climatique, les voix africaines appellent à une solidarité mondiale renforcée et à des mesures ambitieuses pour un avenir durable.
Denis Sassou Nguesso : « La justice climatique doit être notre boussole »
Le président du Congo a exprimé son inquiétude face à l’insuffisance des financements climatiques mobilisés depuis l’Accord de Paris en 2015. Denis Sassou Nguesso a appelé à un nouvel objectif chiffré collectif quantifié (NCQG), basé sur les besoins réels des pays en développement, qu’il estime à 1 000 milliards de dollars par an.
« La promesse des 100 milliards de dollars annuels n’a été tenue qu’en 2022. Il est impératif de définir un financement basé sur des données scientifiques pour couvrir l’atténuation, l’adaptation et les pertes et dommages. La transition écologique ne se fera pas sans mécanismes de financement innovants. »
Il a également salué les avancées sur l’article 6.4 de l’Accord de Paris, qui encourage les initiatives de coopération pour réduire les émissions.
Nana Akufo-Addo : « L’avenir de nos enfants dépend de la COP29 »
Le président ghanéen a lancé un appel vibrant à la solidarité mondiale, insistant sur la nécessité d’un financement durable sans dette pour les pays africains.
« Quel monde laisserons-nous derrière nous ? Nous ne pouvons atteindre nos objectifs climatiques seuls. Agissons avec audace et montrons aux générations futures que nous avons combattu pour elles. Le Ghana est résolument engagé pour un avenir vert et résilient. »
Taye Atseke Selassie Amde : « L’horloge tourne, agissons maintenant »
Le président éthiopien a présenté les initiatives de son pays, notamment l’extension de la couverture forestière pour absorber 10 milliards de tonnes de carbone et le développement de cultures résilientes comme le blé résistant à la chaleur. Cependant, il a dénoncé les retards dans le versement des financements climatiques.
« Nous avons élaboré notre plan national d’adaptation, mais les fonds sont insuffisants et les débats sur leur mobilisation sont frustrants. Nous devons unir nos efforts pour construire un avenir durable pour tous. »
Aziz Akhannouch : « Le Maroc, acteur clé de la transition énergétique »
Le Premier ministre marocain a mis en lumière les réalisations de son pays, notamment l’initiative Triple A pour l’adaptation de l’agriculture africaine, lancée lors de la COP22. Le Maroc vise également à porter la part des énergies renouvelables à 52 % d’ici 2030.
« Depuis des années, le Maroc joue un rôle central dans la transition énergétique en Afrique. Nous appelons à des engagements concrets pour accélérer cette transition et fournir les mécanismes de financement nécessaires pour les pays vulnérables. »
Il a souligné des projets structurants comme le dessalement de l’eau à partir d’énergies renouvelables et la valorisation de la biomasse.
Musalia Mudavadi : « Réformons le système financier mondial pour débloquer les capitaux nécessaires »
Le secrétaire de cabinet kenyan a insisté sur les pertes économiques importantes que subit l’Afrique, estimées à 9 % à 12 % du PIB annuel. Il a plaidé pour une augmentation significative des financements climatiques à hauteur de 1 300 milliards de dollars par an dès 2025.
« Les sociétés renforcées par les marchés du carbone ont un potentiel énorme pour mobiliser des capitaux publics et privés. Nous devons également réformer les banques multilatérales pour faciliter l’accès aux financements climatiques, tout en réduisant le coût élevé des emprunts pour les pays en développement. »
Il a également appelé à tripler la capacité des énergies renouvelables d’ici 2030.
Une mobilisation pour l’avenir
Ces déclarations, portées par des dirigeants africains engagés, traduisent une demande pressante : celle de reconnaître les spécificités des pays africains dans la lutte contre le changement climatique. Avec des initiatives locales exemplaires, l’Afrique s’impose comme un acteur incontournable du débat climatique mondial, tout en réclamant une action collective pour répondre aux défis globaux.
La COP29, placée sous le signe de la justice climatique, pourrait marquer un tournant décisif si la communauté internationale répond aux attentes élevées de ces dirigeants.