Me Said Larifou, avocat et conseiller de l’opposant Ousmane Sonko, s’est exprimé fermement contre toute tentative d’amnistie couvrant les crimes de sang commis lors des violences politiques au Sénégal entre 2021 et 2024. Lors d’une conférence de presse tenue récemment, le défenseur des droits humains a rappelé les principes intangibles du droit international, soulignant que les crimes graves, notamment ceux contre l’humanité, ne sauraient être effacés par des manœuvres politiques.
Une amnistie impossible pour les crimes internationaux
Selon Me Larifou, « la question centrale est de savoir ce qu’est un crime international, lequel ne peut faire l’objet de prescription ». Il s’appuie sur les conventions internationales, dont le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), pour affirmer que les droits fondamentaux attachés à la dignité humaine ne peuvent être violés sous aucun prétexte.
« La victime d’un crime contre l’humanité n’est pas seulement un individu, mais l’humanité tout entière, car ces actes portent atteinte à notre conscience collective », a-t-il déclaré, en référence aux violences meurtrières ayant marqué les tensions politiques des dernières années.
Un combat pour le droit, au-delà des calculs politiques
L’avocat rejette toute instrumentalisation politique du débat : « Il ne s’agit pas d’un simple débat partisan, mais d’un combat pour le triomphe du droit international et des droits de l’Homme ». Il met en garde contre des lois d’amnistie qui, sous couvert d’apaisement, pourraient « empêcher la poursuite et la condamnation des responsables de crimes graves ».
« Les jeux politiciens ne doivent pas générer une impunité inacceptable. Aucune loi ne peut légitimement étouffer la justice pour ces actes », insiste-t-il, appelant à ce que le Sénégal, souvent perçu comme un modèle démocratique en Afrique, assume son rôle dans la lutte contre l’impunité.
L’Afrique observe la justice sénégalaise
Me Larifou conclut en rappelant que « l’Afrique a les yeux tournés vers le Sénégal », espérant que les auteurs de violations massives des droits humains seront traduits en justice. Son intervention intervient dans un contexte de tensions persistantes autour des lois d’amnistie, souvent perçues comme des outils de réconciliation, mais pouvant aussi servir à blanchir les responsables de répressions sanglantes.
Cette prise de position s’inscrit dans un débat plus large sur la justice transitionnelle en Afrique, où la balance entre paix sociale et exigence de justice reste un enjeu crucial.