L’épreuve de mathématiques du baccalauréat 2025 au Sénégal fait scandale. Professeurs et élèves, notamment dans les séries scientifiques, dénoncent une épreuve jugée hors programme, mal calibrée et inéquitable. Un constat alarmant porté par Amadou Ba, professeur de mathématiques au lycée Alassane Omar Baldé de Kolda, qui tire la sonnette d’alarme dans une note virale :
« Ce que nous venons de vivre est plus qu’un accident. C’est un signal d’alarme. »
Un exercice jugé hors programme et inutilement complexe
Au cœur de la controverse, l’exercice n°2, qualifié d’ »échec total ». Selon M. Ba, il s’appuyait sur des notions non enseignées dans le programme officiel de 2006, en vigueur jusqu’à aujourd’hui. Il accuse les concepteurs de l’épreuve d’avoir puisé dans des contenus périmés, créant un décalage profond entre les attentes des examinateurs et la formation reçue par les élèves.
Sujet de la S1 : un « concours déguisé »
Pour les candidats de la série S1, la situation serait encore plus problématique. L’épreuve est décrite comme trop dense, avec une charge de calcul excessive, plus proche d’un concours d’entrée dans une grande école que d’un examen de fin d’études secondaires.
« Les barèmes ne reflétaient ni la complexité réelle des questions, ni l’effort fourni par les candidats », écrit l’enseignant.
Manque de transparence et absence de communication
Mais au-delà du fond, c’est la forme de l’organisation qui suscite le plus d’indignation. Aucune note officielle n’a été transmise aux académies ou aux enseignants pour signaler une évolution de programme.
« À qui s’adresse ce baccalauréat ? À des lycéens sénégalais ou à des candidats à l’agrégation ? » s’interroge-t-il.
Vers une réforme de fond ?
Dans sa conclusion, Amadou Ba appelle à une refonte complète du processus d’élaboration des épreuves. Il plaide pour plus de rigueur, d’écoute des praticiens de terrain et de coordination entre les structures centrales et les établissements.
« Il faut restaurer la confiance et garantir l’équité pour préparer une génération apte à affronter les défis du XXIe siècle. »
Ce témoignage ne serait que la partie émergée d’un malaise plus profond. À l’heure où le système éducatif sénégalais cherche à se moderniser, la crédibilité du Baccalauréat, symbole de mérite et d’ascension sociale, ne peut se permettre de vaciller.