Quatorze ans après la mobilisation historique du 23 juin 2011, le FRAPP (Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine) relance un appel ferme : l’abrogation immédiate de l’arrêté Ousmane Ngom, toujours en vigueur depuis 2011 et jugé incompatible avec les idéaux démocratiques de cette journée mémorable.
Dans un communiqué publié ce week-end, le mouvement citoyen dénonce la survivance de l’arrêté ministériel n°007580/MINT/SP, signé le 20 juillet 2011 par l’ancien ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom. Ce texte interdit toute manifestation dans plusieurs zones stratégiques de Dakar, notamment le Plateau administratif, le Cap Manuel, l’avenue El Hadji Malik Sy, ou encore le Monument de la Renaissance.
« Le 23 juin n’est pas une simple date : c’est un symbole de lutte, de dignité et de rupture démocratique », rappelle le FRAPP, estimant que le maintien de cet arrêté constitue une atteinte grave aux libertés fondamentales garanties par la Constitution sénégalaise.
Une décision contraire au droit communautaire
Le FRAPP souligne que la Cour de Justice de la CEDEAO a, dans une décision passée, jugé cet arrêté illégal et a exigé son abrogation immédiate. Pourtant, l’État sénégalais n’a jamais donné suite, malgré ses engagements internationaux.
« Ce refus d’exécuter un arrêt communautaire témoigne d’un mépris pour le droit et d’un déni des acquis démocratiques de 2011 », fustige le Secrétariat exécutif du FRAPP, qui voit dans cet entêtement une forme de trahison de l’héritage du 23 juin.
Un test pour les nouvelles autorités
Dans ce contexte marqué par une nouvelle alternance politique (élection du président Bassirou Diomaye Faye en mars 2024), le FRAPP interpelle directement les nouvelles autorités : le ministre de l’Intérieur et le président de la République.
« On ne peut pas prétendre gouverner au nom du peuple tout en réduisant ses espaces d’expression », déclare le mouvement, appelant à une rupture cohérente avec les pratiques liberticides du passé.
Abroger pour honorer les martyrs
Pour le FRAPP, l’abrogation de l’arrêté Ousmane Ngom serait un acte fort de reconnaissance envers les martyrs du 23 juin et un gage de respect pour les principes démocratiques si souvent invoqués dans les discours officiels.
« Sans cette abrogation, toute célébration du 23 juin reste incomplète », conclut le communiqué, insistant sur l’urgence d’aligner les actes politiques avec les aspirations citoyennes.