Le président du Conseil d’administration de la Senelec, Habib Sy, a tenu un discours de vérité face aux nombreuses plaintes des consommateurs sénégalais. Invité de l’émission Sans Détour sur 7TV, il a reconnu sans détour la cherté de l’électricité et les dysfonctionnements du système Woyofal.

« Quand tout le monde dit que le coût de l’électricité est cher, c’est cher. Je le reconnais. Et quand tout le monde dit qu’il y a des problèmes sur le Woyofal, il y en a », a-t-il admis.
Des tarifs parmi les plus élevés de la sous-région
Avec un prix moyen de 127 francs CFA le kilowattheure, le Sénégal affiche un coût nettement supérieur à celui de la Côte d’Ivoire (87 F CFA). Une différence que le président du CA explique par les coûts de production, les taxes et les charges d’exploitation supportés par la Senelec.
Malgré une subvention étatique de 214 milliards de francs CFA en 2024 soit environ 90 000 francs CFA par consommateur et par an; l’impact reste limité. « Sans cette subvention, le prix aurait encore augmenté », a souligné Habib Sy.
72 % des abonnés sous Woyofal : un système mal compris
La Senelec compte 2,3 millions de clients, dont 1,7 million utilisent Woyofal. Pourtant, le système prépayé continue de susciter l’incompréhension. Pour remédier à cela, Habib Sy annonce une réunion de concertation regroupant la direction générale de la Senelec, le ministère du Commerce, les associations de consommateurs, la société Exim (fournisseur des compteurs) et la Commission de régulation de l’électricité (CRSE).
« La grande majorité de la population ne comprend pas comment cela fonctionne. Il faut mieux expliquer », a-t-il plaidé.
Production suffisante, mais coûts de production élevés
Le Sénégal ne souffre pas de déficit énergétique : la capacité installée atteint 1 950 mégawatts, suffisante pour répondre à la demande. Cependant, les coûts du fuel lourd, des intrants importés et la part croissante du privé dans la production — la Senelec ne couvre plus que 23 % de la production nationale — maintiennent les prix élevés.
Le gaz national, espoir pour 2026
La baisse du prix de l’électricité pourrait enfin se concrétiser grâce à l’exploitation du gaz sénégalais, attendue dès 2026.
Les centrales de Bel Air ont déjà été converties, et d’autres suivront. Objectif du gouvernement : ramener le prix du kilowattheure à 80 F CFA en 2034, puis 60 F CFA en 2050.
« Si nous parvenons à utiliser notre propre gaz, nous pourrons espérer une baisse réelle des prix », a affirmé Habib Sy.
En attendant ces réformes structurelles, le président du CA promet de renforcer la communication autour de Woyofal et de mieux accompagner les consommateurs.
« Les populations ont raison : l’électricité coûte cher et le système n’est pas bien compris. Nous devons sortir de cette situation difficile », a-t-il conclu.




