L’opération Korité, censée être un moment de forte rentabilité pour les aviculteurs, a tourné au cauchemar pour bon nombre d’entre eux. Entre pertes financières colossales et désespoir croissant, plusieurs éleveurs dénoncent la mauvaise qualité des poussins mis sur le marché.
Des pertes qui plongent les aviculteurs dans la détresse
À Malika, Maodo Lô, aviculteur expérimenté surnommé « Imam », a vu son investissement s’effondrer. Sur les plus de 1.000 poussins de chair achetés pour la fête, près de 700 sont morts. « J’ai dépensé des millions et j’ai presque tout perdu. C’est un problème général. Il y a un sérieux souci au niveau de la qualité des poussins », déclare-t-il, très affecté.
L’éleveur, qui avait aménagé trois chambres pour accueillir ses volailles dans des conditions optimales, dénonce la baisse de qualité des souches fournies aux fournisseurs de poussins. « Si rien n’est fait, c’est tout le secteur qui va s’effondrer », alerte-t-il.
Un secteur en crise malgré les efforts d’investissement
Abdou Bakhoum, son collaborateur, abonde dans le même sens. Selon lui, la cherté des poussins combinée à leur mauvaise qualité rend l’activité de plus en plus invivable. « Chaque jour, je perds des dizaines de poussins. J’ai investi dans les vaccins, les traitements, les équipements… mais le rendement est nul », se désole-t-il.
Il affirme que certains poussins âgés de 33 jours pèsent encore moins d’un kilo, un poids insuffisant pour être commercialisé. Dans son entrepôt, des dizaines d’abreuvoirs et de mangeoires sont inutilisés, témoins muets d’un échec cuisant. « Sur les 200 poussins qu’il me reste, je ne suis même pas sûr qu’ils arriveront à terme », ajoute-t-il, visiblement abattu.
Des appels urgents pour un meilleur contrôle de la filière
À Pikine, Ousmane Ndiaye partage le même constat. Pour la Korité, il a perdu 342 poussins sur 550, soit une perte évaluée à 1.168.000 FCFA. « C’est la première fois que je perds autant d’argent. Il est urgent de revoir la qualité des souches et de renforcer les contrôles au niveau des fournisseurs », préconise-t-il.
Vers une régulation indispensable du secteur avicole
Face à ces pertes récurrentes, les professionnels du secteur appellent l’État et les organisations de filière à intervenir rapidement pour mettre en place des mécanismes de contrôle stricts, assurer la traçabilité des souches, et protéger les petits éleveurs dont la survie économique est en jeu.