Le ministère des Finances et du Budget a rendu publiques ce jeudi les grandes orientations du projet de Loi de finances rectificative (LFR) 2025, censé adapter les prévisions économiques du pays aux nouvelles réalités. Ce cadrage actualisé traduit un ralentissement de la croissance et une pression accrue sur les équilibres budgétaires.
Une croissance revue à la baisse
La croissance du PIB, initialement attendue à 8,8 %, est désormais révisée à 8 %, sous l’effet d’un dynamisme moindre dans les secteurs non liés aux hydrocarbures. La croissance hors hydrocarbures, indicateur clé de l’économie réelle, plafonnerait à 3,8 %. Résultat : le PIB nominal chute de 4 %, passant de 22.597,7 à 21.690,5 milliards de FCFA, soit une baisse de 907,2 milliards.
Un déficit budgétaire qui s’écarte de la norme UEMOA
Cette décélération a un impact direct sur les finances publiques. Le déficit budgétaire s’élève désormais à 7,82 % du PIB, bien au-delà du seuil communautaire de 3 % fixé par l’UEMOA, et en hausse par rapport aux 7,08 % inscrits dans la Loi de finances initiale. Le gouvernement affirme toutefois viser une convergence progressive à moyen terme.
Du côté des recettes fiscales, la pression fiscale est revue à la baisse, passant de 19,3 % à 18,9 % du PIB. Les recettes totales attendues s’établissent à 4.884,3 milliards de FCFA, en recul de 130 milliards (-2,6 %).
Des dépenses légèrement contenues, mais un besoin de financement élevé
À noter cependant une légère contraction des dépenses publiques, qui passent de 6.614,8 à 6.580,2 milliards de FCFA, soit une baisse de 34,5 milliards. Mais malgré cette maîtrise relative, le besoin global de financement explose à 5.715,54 milliards de FCFA, principalement en raison de la gestion de la dette et de l’apurement des arriérés.
Appel au marché intérieur et gestion de la dette
Pour combler ce gap, le gouvernement compte mobiliser 1.190,7 milliards de FCFA sur le marché intérieur, dont 620 milliards destinés à une gestion active de la dette. La LFR 2025 inclut aussi une prise en charge anticipée de 125 milliards FCFA d’intérêts liés à des emprunts bancaires non budgétisés auparavant.
Apurement des arriérés : une priorité stratégique
Dans ce contexte contraint, le choix d’allouer 500,9 milliards de FCFA à l’apurement des arriérés se veut stratégique. Cette mesure est saluée comme un signal fort en faveur du secteur privé, en libérant des liquidités indispensables à la relance économique.
Avec un besoin de financement additionnel de 1.141,7 milliards de FCFA, cette LFR 2025 reflète une tentative d’ajustement difficile mais nécessaire. Le gouvernement affirme sa volonté de préserver la relance économique et les capacités d’investissement de l’État, tout en jonglant avec les contraintes d’un contexte budgétaire et international incertain.