Alors que la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) suscite une vive polémique au Sénégal, la position tranchée de l’ancien président de la Cour d’appel de Kaolack, Ousmane Kane, se démarque. Contrairement à une partie de la magistrature et de la société civile qui réclame une séparation plus nette entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, le magistrat à la retraite soutient le maintien du chef de l’État à la tête du CSM.
Dans un entretien accordé à L’Observateur, relayé par Galaxysn.com, Ousmane Kane n’a pas mâché ses mots : « Ceux qui combattent l’idée de sa présence ne savent pas de quoi ils parlent. » Pour lui, la fonction présidentielle au sein du CSM ne constitue nullement une menace pour l’indépendance de la justice.
Au contraire, elle représente un levier de régulation face aux influences internes : « Le régulateur du Conseil, c’est le président. Il peut refuser certaines nominations proposées par le ministre de la Justice. Il l’a déjà fait », affirme-t-il.
Selon l’ancien magistrat, les dérives notées dans la gestion de la carrière des juges ne viennent pas du sommet de l’État, mais plutôt du ministère de la Justice, notamment de la direction des services judiciaires, qu’il considère comme le véritable nœud du problème. « C’est là que naissent les propositions de nomination », souligne-t-il.
Pour une réforme en profondeur, Ousmane Kane recommande la création d’une commission indépendante chargée d’évaluer les candidatures aux postes à pourvoir, l’instauration d’une véritable culture du mérite et la transparence dans les processus de sélection. À ses yeux, il est tout à fait possible de moderniser et d’assainir le système judiciaire sans écarter le président de la République, « garant du bon fonctionnement des institutions ».
Par cette sortie, Ousmane Kane s’oppose clairement aux appels en faveur d’un affaiblissement de la présidence du CSM, qu’il juge contre-productifs pour l’équilibre institutionnel du pays.