Traditionnellement, les partis au pouvoir en Afrique, notamment au Sénégal, dépendaient largement des fonds publics alloués par le chef de l’État ou le leader du parti pour financer leurs activités. Toutefois, Pastef, créé en 2014, a rompu avec cette pratique en instaurant un modèle de financement innovant : crowdfunding en ligne, meetings de levée de fonds, et contributions militantes.
Un modèle inspiré du « Patriot Bond »
Lors des élections présidentielles de mars 2024 et des législatives anticipées de novembre 2024, Ousmane Sonko, leader de Pastef, a martelé que son parti refusait tout financement étatique.
« Nous n’avons pas utilisé les deniers publics. Notre campagne est autofinancée grâce à la mobilisation populaire. C’est ce que nous appelons le « Patriot Bond » », a-t-il déclaré.
En octobre 2024, Pastef a organisé un meeting de fundraising à la Dakar Arena, où chaque participant devait contribuer entre 1 000 FCFA (pour les militants) et 1 million FCFA (pour les ministres). Résultat : 500 millions FCFA collectés en quelques heures, avec un objectif fixé à 1 milliard FCFA. Une cagnotte en ligne a également permis de réunir 80 millions FCFA en quelques jours.
Éviter la corruption et renforcer l’engagement militant
Pour Ayib Daffé, secrétaire général de Pastef, ce système permet d’éviter « la corruption et le détournement des fonds publics », un fléau qui touche de nombreux partis africains. Ibrahima Bakhoum, journaliste, salue l’initiative mais met en garde : « Ce modèle doit devenir la norme, mais sans servir de façade à l’opacité financière. »
Le PS : l’autofinancement par les cotisations et les locations
Du côté des partis traditionnels, le Parti socialiste (PS) se distingue par son financement militant. Cheikh Sadibou Sèye, secrétaire permanent du PS, explique :
« Nos ressources viennent des cartes de membre (500 FCFA), de la location d’une station-service sur notre terrain (40 millions FCFA/an), et des contributions ponctuelles des cadres. »
Vers une transparence financière des partis politiques ?
Ces modèles alternatifs (Pastef avec le crowdfunding, le PS avec les cotisations) pourraient inspirer une réforme du financement politique au Sénégal, en réduisant la dépendance aux fonds publics et en renforçant l’implication des militants.
Si Pastef révolutionne le financement politique par le digital, le PS mise sur une tradition militante. Reste à voir si ces pratiques deviendront la norme pour plus de transparence et de démocratie interne.