Devant les députés réunis en séance plénière à l’Assemblée nationale ce lundi 14 avril 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé l’arrivée imminente d’un train de réformes législatives majeures, destinées à renforcer la transparence et la gouvernance au Sénégal. Parmi les mesures phares figurent la refonte de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), la protection des lanceurs d’alerte et l’accès élargi à l’information publique.
« Nous allons soumettre dans les prochains jours un certain nombre de projets de loi, tels que celui portant réforme de l’OFNAC, celui sur les lanceurs d’alerte, ainsi qu’un autre relatif à l’accès à l’information », a déclaré le chef du gouvernement lors de la séance de questions d’actualité. Cette démarche s’inscrit dans une volonté politique affirmée de tourner la page des pratiques opaques du passé et d’enraciner une nouvelle culture institutionnelle fondée sur la redevabilité.
La réforme annoncée de l’OFNAC intervient dans un contexte où l’institution a été vivement critiquée pour sa perte d’efficacité, en particulier depuis l’adoption de la loi n°2024-06 du 9 février 2024. Cette dernière est accusée d’avoir affaibli les prérogatives de l’organe anticorruption, en limitant notamment ses capacités d’investigation.
Waly Diouf Bodian, directeur général du Port autonome de Dakar et cadre du parti Pastef, a récemment plaidé pour une refonte en profondeur de l’OFNAC lors d’une sortie médiatique à Keur Massar. « Cette loi a vidé l’institution de sa substance. Elle la rend incapable de lutter efficacement contre la corruption, notamment en matière d’enrichissement illicite », a-t-il dénoncé.
Selon lui, la solution passe par un retour à des mécanismes simples mais dissuasifs : « Si un fonctionnaire devient milliardaire sans justification, on n’a pas besoin d’enquêtes complexes : on l’emprisonne. C’est aussi simple que cela. »
Waly Diouf Bodian estime que le gouvernement dispose désormais de toutes les cartes pour agir. « Nous avons une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Nous pouvons abroger cette loi, réorganiser l’OFNAC et relancer les dossiers en suspens », a-t-il affirmé, tout en proposant une alternative en cas d’échec : transférer les compétences de l’OFNAC au parquet financier.
Malgré son soutien affiché au programme de réformes, il a exprimé ses doutes quant à la volonté de l’actuelle direction de l’OFNAC, notamment son président Serigne Bassirou Guèye, à s’attaquer à certains dossiers sensibles hérités du précédent régime. Il met en garde contre le risque d’un immobilisme institutionnel si des décisions fortes ne sont pas prises rapidement.
Outre la réforme de l’OFNAC, Ousmane Sonko a annoncé l’élaboration de textes visant à encadrer la protection des lanceurs d’alerte, pierre angulaire d’une lutte crédible contre la corruption, ainsi que l’élargissement du champ de la déclaration de patrimoine des responsables publics.
Ces annonces confirment l’engagement du gouvernement à instaurer une gouvernance éthique et transparente. Elles seront scrutées de près dans les semaines à venir, tant par la société civile que par les partenaires internationaux du Sénégal.
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