Le gouvernement sénégalais a annoncé, lors du Conseil des ministres du 12 mars, l’annulation de plusieurs baux fonciers jugés irréguliers. Cette décision, portée par le Premier ministre Ousmane Sonko, s’appuie sur les conclusions d’un audit foncier commandité par l’État. Elle touche de plein fouet des hommes d’affaires et des personnalités politiques, dont deux grandes familles libanaises qui ont perdu un site stratégique derrière la Clinique du Cap, estimé à plus d’un milliard de FCFA.
Un audit qui dérange
L’audit foncier a révélé des irrégularités dans l’attribution de terrains situés sur le Domaine public maritime, mettant en lumière des pratiques opaques qui ont profité à certains acteurs influents. Selon des sources proches du dossier, ces terrains auraient été attribués en violation des règles en vigueur, notamment sous les régimes précédents. Le site derrière la Clinique du Cap, convoité pour sa valeur économique et stratégique, est emblématique de ces dérives.
Un retour à la rigueur
Cette décision marque un tournant dans la gestion du foncier au Sénégal. L’Observateur rappelle qu’à l’époque de Léopold Sédar Senghor, toute construction sur le littoral était strictement interdite. Cependant, au fil des années, une privatisation progressive a été observée, favorisant des intérêts privés au détriment de l’intérêt public. Le gouvernement actuel semble déterminé à mettre fin à ces pratiques en rétablissant une gestion plus transparente et équitable des ressources foncières.
Mesures d’accompagnement
En plus de l’annulation des baux, le gouvernement a suspendu l’instruction de nouvelles demandes de bail et prévoit un renforcement des contrôles sur les attributions foncières. Ces mesures visent à assainir le secteur et à prévenir de futures irrégularités. « Il est temps de mettre de l’ordre dans la gestion du foncier. L’État ne peut plus se permettre de laisser des terrains publics être accaparés de manière illégale », a déclaré une source gouvernementale sous couvert d’anonymat.
Réactions mitigées
Si cette décision est saluée par certains comme un pas vers plus de transparence, elle suscite également des inquiétudes parmi les investisseurs et les propriétaires concernés. Les deux familles libanaises touchées par l’annulation du bail derrière la Clinique du Cap pourraient engager des recours juridiques pour contester cette décision. Par ailleurs, certains experts craignent que ces mesures ne ralentissent les investissements dans le secteur immobilier.
Une nouvelle ère pour le foncier sénégalais ?
Cette annonce s’inscrit dans un contexte plus large de réformes visant à moraliser la vie publique et à renforcer la gouvernance au Sénégal. Elle intervient également à un moment où le pays cherche à attirer des investissements étrangers tout en garantissant une gestion rigoureuse de ses ressources. Reste à voir comment ces mesures seront appliquées et quelles en seront les conséquences à long terme sur l’économie et le climat des affaires.
L’annulation des baux fonciers irréguliers par le gouvernement sénégalais témoigne d’une volonté de rompre avec les pratiques du passé. Cependant, cette décision, aussi nécessaire soit-elle, pourrait avoir des répercussions complexes sur le plan économique et politique. Le défi pour l’État sera de concilier transparence et attractivité, tout en garantissant une gestion équitable du foncier pour les générations futures.