Au cœur du quartier Dangou, à Rufisque, une chaîne de solidarité s’organise en ce mois de ramadan 2025 autour de la préparation et de la distribution du « ndogou » pour les jeûneurs. Amdy Ndiaye, figure centrale de cette initiative, et une équipe de bénévoles se mobilisent chaque jour pour offrir un repas simple mais réconfortant à ceux qui ne peuvent rompre le jeûne chez eux. Une action modeste, empreinte de générosité et de partage, qui illumine les rues animées de ce quartier populaire.
Vêtu d’un grand boubou aux couleurs chatoyantes et de multiples bracelets ornant ses poignets, Amdy Ndiaye arpente une artère passante de Dangou en ce lundi 10 mars. Une sébile utilisée en main, il interpelle automobilistes et passants dans l’espoir de collecter une somme suffisante pour préparer les « ndogou ». « Cela fait près de cinq ans que nous perpétuons ce geste symbolique. Nous préparons du café Touba et du kinkéliba infusé pour les jeûneurs, notamment ceux qui peinent à rentrer chez eux à temps », explique-t-il, un cure-dents entre les lèvres et ses longues dreadlocks tombant sur son front.
À quelques mètres de lui, une équipe s’active autour d’un feu de bois où mijote une grande marmite de café fumant. Une enceinte diffuse en fond sonore des chants religieux, renforçant l’ambiance de solidarité qui règne sur place. « Nous devons finir avant l’appel à la prière. Les gens connaissent bien ce lieu et seront en nombre », explique Saliou Diouf, disciple mouride et fidèle de cette initiative. Peu avant 19 heures, un autre groupe dépose des baguettes de pain soigneusement enveloppées, avant de les tartiner de beurre et de chocolat.
« Ce ne sont pas des repas de luxe, mais c’est suffisant pour soulager ceux qui en ont besoin », confie l’un des organisateurs. Très vite, les silhouettes affluentes, thermos en main, pour recevoir leur ration. « J’habite à Keury Kao, et à cette heure, je n’ai souvent pas le temps de rentrer pour la rupture. Cette initiative est une bénédiction », témoigne Amadou, un habitué du quartier.
Alors que la nuit s’installe sur Rufisque, les marmites se vident et les organisateurs, fatigués mais heureux, rangent le matériel en attendant de recommencer le lendemain. « Au-delà de la nourriture, c’est un geste d’humanité et de fraternité », souligne Amdy, un sourire sincère aux lèvres. Une tradition qui prouve qu’avec peu, on peut offrir beaucoup.